Le football ombre et lumière – Eduardo Galeano

football-siteVoici un livre universel.

Ecrivain, journaliste, Eduardo Galeano est un amoureux du football, il est né dans le pays des premiers seigneurs du ballon rond. Pour l’auteur, le football s’inscrit pleinement dans l’histoire du monde contemporain. Avec Galeano, l’histoire du football devient mythe, avec ses dieux et légendes, ses parts de gloire et de mystère. De « la naissance du football » à « la fin du match », en passant par les 19 championnats du monde, c’est une rencontre avec Zico, Varela, Zamora, Di Stephano, Cruijff, Garrincha, Pelé, Maradona ou encore Schumacher. Plus qu’un livre sur le football,  c’est du rêve à chaque page.

Le journaliste Uruguayen dénonce cependant avec beaucoup de clairvoyance les dérives d’un jeu qui s’est fait entreprise. A l’heure où les championnats sont régis par les droits télés et où l’UEFA s’arrache les cheveux pour qu’il y est un semblant d’équité, les joueurs de football ne sont plus des personnes mais des investissements. « football ombre et lumière » nous rappelle que le football n’est pas un programme sur chaîne de télévision mais bien un jeu sur un terrain ou dans un coin de rue. La capitalisation du football a dévoré le football et les principaux problèmes de ce sport y sont tous quasiment dus.

Il est des livres dont la magie opère dès la première phrase, « football ombre et lumière » en fait partie. L’histoire du football par E.Galeano est drôle, touchante mais aussi cinglante et critique. L’auteur a fait un travail de documentation impressionnant pour nous léguer un chef d’oeuvre, une anthologie des splendeurs et des misères du jeu le plus populaire au monde. Ecrit avec la plume acerbe d’un amoureux à qui on aurait volé l’élu de son cœur, « football ombre et lumière » est passionnant du début à la fin et c’est avec délectation que l’on savoure chacune de ses pages.

« Il y a des gens qui croient que les hommes possédés par le démon du ballon ont de l’écume entre les dents, et il faut reconnaître qu’ils font là un portrait assez ressemblant du supporter devenu  fou; mais les procureurs les plus indignés eux-mêmes devraient admettre que, dans la majeure partie des cas, la violence qui se déverse dans le football ne vient pas du football, de la même façon que ce n’est pas du mouchoir que viennent les larmes. »

eduardo-galeanoEduardo Galeano
1940 – 2015

Guga – Gustavo Kuerten

1507-1Gustavo Kuerten dit Guga, où comment un beach boys brésilien a pu gagner trois fois Roland Garros et devenir l’idole d’une génération.

De sa formation brésilienne au plus haut niveau du tennis mondial, Guga nous raconte avec beaucoup de simplicité sa fulgurante ascension. Beaucoup de sportifs sont indubitablement portés par une bonne étoile, soutenu par un ange gardien, pour Guga, c’était son père. Fortifié par une famille unie, c’est toutes les épreuves de sa vie qui ont donné un sens à ses performances. D’origine modeste, bercé dans le sport depuis l’enfance, c’est en puisant dans ses racines que Guga trouvait la force et l’imagination pour vaincre ses adversaires.

De nombreuses descriptions de match nous apportent une vision immergée du tennis, celle du joueur. On y découvre beaucoup de tactique, de contrôle de soi mais aussi un peu de comédie, parce qu’un match se gagne parfois sur des détails. On comprend ainsi mieux ce que le joueur brésilien ressentait pendant les moments décisifs de sa carrière, autant dans les instants de doutes, que dans les instants de triomphes.

Pour Guga, Roland Garros était son jardin, plus qu’une histoire d’amour, c’est une folle passion. Les plus beaux moments de sa carrière se sont déroulés porte d’Auteuil, il restera à jamais gravé dans l’histoire du tournoi et dans le cœur des Français.Gustavo Kuerten of Brazil kneels down and celebrates after drawing a heart on ground as he won his match against Michael Russell of the USA at the French tennis open at Roland Garros stadium June 3, 2001. Kuerten defeated Russell 3-6 4-6 7-6 6-3 6-1. JPP/CLH/

« Larri m’avait prevenu : Agassi essayerait peut-être de m’intimider. Je n’aurais jamais pensé qu’il le ferait de cette façon. Il s’est levé, s’est dirigé vers nous, s’est approché et a lâché un premier pet. Après quoi, il n’a pas arrêté. […] Incroyable, la légende était humaine. »

Au travers de la carrière de Kuerten, c’est aussi le Brésil avec toutes ses contradictions qui éclate au grand jour, car en fond, on aperçoit les limites d’un Brésil où la définition du sport, c’est : football. Il est donc d’autant plus admirable pour Gustavo, et pour tous les autres qui l’ont suivi  d’avoir réussi à faire reconnaître le tennis dans un pays qui ne vit que pour le ballon rond.

Sincère, parfois drôle, l’homme est attachant. C’est une autobiographie complète qui mérite que l’on s’y plonge. Pour découvrir le tennis à travers le regard d’un homme chaleureux et qui a écrit une des plus belles pages du tennis mondial. Allez Guga.

S.P

La surface de réparation – Alain Gillot

CVT_La-surface-de-reparation_5230   Parfois la vie a du génie, certains auteurs aussi.

   Pour Vincent, entraîneur de football des jeunes de moins de 16 ans de Sedan, la vie est une routine bien tranquille. Solitaire et sans attaches, c’est par sa famille qu’il fuit, que sa vie va être bouleversé. Quand sa sœur dépose son neveu pour une semaine, il décide de l’emmener au terrain, avec les autres jeunes. Cet étrange garçon va se découvrir des talents particuliers de gardien de but, mais derrière ses qualités se cache un syndrome, celui d’Asperger.

« La vie n’était pas juste ce moment de grâce ou mon neveu s’était couché sur ce ballon. »

Considéré comme un handicap pour certain, c’est une forme d’autisme qui donne une perception de la réalité différente de la notre. Pour Vincent, Léonard sera une porte qui va l’envoyer dans son passé, pour mieux vivre son présent.

   Sublime première de couverture, texte touchant, Alain Gillot réussi le pari de mêler avec beaucoup de subtilité des thèmes dont on parle peu. La misère sociale de certaines régions françaises, le football sans millions, et le syndrome d’Asperger. Un livre teinté de mélancolie très agréable à lire.

 » Sa volonté de séduction avait quelque chose de douloureux. »

S.P

Voici une bibliographie pour approfondir sa connaissance du syndrome d’asperger :
http://les-tribulations-dune-aspergirl.com/du-cote-des-livres/

Boss Wang – Jim Yardley

boss_wang  Pour se récompenser d’être devenu milliardaire si rapidement, Boss Wang, un magnat de l’acier chinois, s’offre une équipe de basket, les Shanxi Brave Dragons. Seul problème, ils ne font que perdre. Boss Wang décide alors d’investir dans un coach de NBA. Le récit suit donc Bob Weiss, passé notamment par les Spurs et les Charlotte Hornett, dans ses péripéties en Chine. Il va essayer tant bien que mal d’appliquer les méthodes de NBA dans un pays où le basket est encore un moyen de propagande.

« L’approche humaine était une denrée si rare en Chine qu’elle était considérée comme difficilement applicable. Dans le système sportif chinois, les talents étaient détectés par un ensemble de manipulations sociales et d’analyses coûts-bénéfices. »

   Assez déstabilisant au départ, j’avoue avoir été déçu, non pas du contenu, mais de la forme du livre. La lecture est très ardue, les descriptions sont extrêmement intéressantes mais apportent une lourdeur au récit qui est assez pesante.

   Journaliste au New York Times, prix Pulitzer du meilleur reportage étranger, Jim Yardley nous décrit une Chine ballottée entre l’ère moderne et sa société communiste. Un ouvrage cependant remarquable portée par la connaissance que l’auteur a de la culture chinoise et par l’humour dégagé par ce portrait loufoque d’une équipe de basketball chinoise.

« Quelques-uns avaient fait le déplacement de puis Taiyuan,  y compris Li, du San Jin City Img338711353News. Il me fit une place et j’écoutai le chant de l’hymne national.
« Debout !
Vous qui ne voulez plus être des esclaves ! Qu’avec notre chair et notre sang nous bâtissions une nouvelle muraille !
Tandis que le peuple chinois affronte son plus grand danger
Chacun doit pousser son dernier cri
Debout !
Debout ! Debout!
Un million de coeurs battant à l’unisson
Nous bravons le tir ennemi.
En avant !
Bravons le tir ennemi !
En avant !
En avant !
En avant ! »

Je mis un certain temps à me rendre compte qu’en réalité la foule ne chantait pas. Chacun se tenait droit, en silence. Les voix qui remplissaient la salle provenaient d’un enregistrement ! Je me penchai vers Li pour lui en faire la remarque, et il me confia en rougissant :
« Les chinois sont timides. » »

S.P

Entretien avec Thibaud Leplat

0f004a3Écrivain, prof à science po, journaliste à SoFoot, Thibaud Leplat est un être à part dans le football français. Une sorte d’exception culturelle à la française. Un homme de lettre pour qui écrire est une vocation et le football un art à part entière. J’ai pu le rencontrer à l’occasion de la sortie de son dernier livre sur Pep Guardiola « Éloge du style ». Rencontre avec un homme de goût.

Comment es tu devenu auteur ?

En écrivant et en lisant, et en écrivant, et en lisant. J’ai une famille de libraires, mes passions sont la littérature et le football. J’étais destiné à une carrière administrative, je jouais au foot depuis l’age de 7 ans, j’ai hésité entre faire carrière dans le foot et science po, au final, j’ai choisi sciences po. La cohérence est toujours rétrospective, mais sur le moment c’est toujours délicat. Jusqu’au jour ou je suis arrivé en Espagne en vacances, j’y étais tellement heureux que j’y suis resté. Là du coup ma deuxième vie a commencé, une vie d’errance et d’écriture footballistique. J’ai commencé dans le journalisme sportif, ma vocation d’écrivain est venue ainsi. L’intérêt de ce métier c’est que cela t’ouvre des portes très rapidement. J’ai fait mes premiers papiers, j’ai bossé pour une agence de presse en Espagne, pour des télés françaises TF1, Canal, Arte.  Tout ça s’est fait progressivement, c’est un chemin intérieur. C’est un travail initiatique.

« Je jouais au foot depuis l’age de 7 ans, j’ai hesité entre faire carrière dans le foot et science po, au final j’ai choisi science po. La coherence est toujours rétrospective, mais sur le moment c’est toujours délicat. »

C’est a partir du moment où tu es parti en Espagne que tu as commencé à écrire, pourquoi ?jorgevaldano

Parce que j’ai lu des choses. Je me suis rendu compte que tout ce qu’on disait sur la littérature sportive en France était faux dans la mesure où on dit que cela n’existe pas. J’ai lu des journalistes dans « El pais » notamment, des gens qui ont des plumes merveilleuses. Ces gens là sont devenu des amis par le boulot et ces gens là m’ont orienté vers la littérature hispanophone sur le football, qui est une littérature très lyrique, et notamment la littérature argentine. J’ai découvert des auteurs comme Eduardo Galeano, traduit en français (éditons Lux ndlr). Et surtout ma rencontre avec Jorge Valdano, (champion du monde 86 et directeur sportif du réal madrid de 2006 à 2006 ndlr) complètement initiatique. J’ai d’ailleurs pour projet de la traduire. Jorge Valdano, parce que c’est le chaînon manquant, on connaissait des écrivains qui aimaient le football, mais on ne connaissait pas de footballeur devenu écrivain et lui c’est le cas. En plus, c’est une d’une grande qualité littéraire.

Après avoir écrit sur le choc Réal-Barca, sur le PSG et enfin sur Mourinho, pourquoi avoir choisi Pep Guardiola ?

Je me suis servi de lui comme une mise en abîme. Qu’est ce que c’est la littérature sportive ? Utiliser ce personnage là comme une représentation de ce qu’est le goût footballistique. En en faisant un personnage français, avec une attention au style à la forme, le goût de la conversation, de la gourmandise. J’ai fait le choix de faire parler très peu de gens, quasiment que lui. Pour qu’il soit là tout le temps. Faire parler les autres éloignent, ce sont des bouquins de journaliste, ça dit quasiment rien sur le football, ça dit beaucoup sur les à cotés, mais très peu sur le football. Le bouquin de pep, j’ai mis 3 ans avant de pouvoir le vendre à un éditeur. C’est mon premier livre et c’est le quatrième publié. Ça été difficile, c’est pour ça que j’ai fait un bouquin sur José Mourinho, on m’avait dit que Guardiola n’était pas bankable. Les éditeurs sont très réticents à publier en littérature sportive car ils considèrent que c’est un marché clos.

Peux-tu nous parler de « littérature sportive » ?

Je crois que la littérature sportive est une littérature française. Une manière de faire la littérature française c’est de parler football à la française. Un soucis pour la norme tout en ayant le même imaginaire. En France il y a une tradition de littérature sportive, on écrivait sur le football dans les années 50, une tradition qui a perduré dans la boxe et dans vélo. Dans le football, un peu moins, je crois on a du mal a pensé le collectif. On n’arrive pas a passer le complexe, on a arrive pas à penser quelque chose qui ne soit pas individuel. Dans l’esprit Français on le voit comme un phénomène de masse, on n’arrive pas à le voir comme un phénomène personnel, nostalgique. Comme le font les argentins par exemple. Ce qui me gêne avec les intellectuels qui se sont penchés sur le foot, c’est qu’ils se sont penchés justement. avec une condescendance assez abjecte. Il ne parlent pas de foot, c’est un prétexte, il essayent d’anoblir le football en l’accrochant à autre chose comme la sociologie ou la géopolitique. Et finalement ils en font en réalité un symptôme, un analyse clinique du football sans aucune bienveillance. J’ai essayer de me hisser à la hauteur de ça. Oui, la philosophie, oui la littérature me sert à attraper des choses que je n’aurais pas vues si je n’avais pas lu mais j’ai essayé de prendre le phénomène footballistique et me plonger à l’intérieur de lui, et plus tu plonges, et plus tu trouves plein d’autres choses. Guardiola est un personnage parfait pour ça. Lui même revendique les influences extérieurs. Présenter une chose comme la seule interprétation possible c’est presque malhonnête intellectuellement.

Pour finir, quels sont tes classiques en littérature sportive ?

Tout d’abord Eduardo Gualeno « football ombre et lumière », il y a aussi Dante Panzeri  « futbol dinamica de lo impensado » – football dynamique de la pensée – c’est un ouvrage théorique de base des années 60 sur « qu’est ce que le football ? », Juan Villoro, auteur mexicain, avec « Dios es redondo » – Dieu est rond – et enfin tous les bouquins de Jorge Valdano.

« Présenter une chose comme la seule interprétation possible c’est presque malhonnête intellectuellement. »

Propos recueillis par S.P

Bibliographie de Thibaud Leplat :

– Pep Guardiola Eloge du style, Hugo et cie – avril 2015
– Ici c’est Paris, PSG l’épopée continue, Solar – octobre 2014
– Le cas Mourinho, hugo et cie – août 2013
– Barcelone- Real Madrid, la guerre des mondes, Hugo et cie – février 2013

Guardiola, éloge du style – Thibaud Leplat

b1a67   Ce livre est une merveille.
Imaginez, vous êtes en Argentine, il fait chaud, c’est le début de soirée, vous êtes tranquillement assis autour d’asados et de vin blanc. Marcelo Biesla prend ses chaises de jardin, vous explique comment placer vos alliers le plus proche des lignes de touche afin d’étirer le jeu. Vous êtes assis entre Pep et Marcelo, et ce n’est que le début.

Voilà tout le talent de Thibaud Leplat. Il ne se limite pas à raconter l’histoire de Pep Guardiola, il nous immerge dans un des plus beaux voyages initiatiques du football. Et l’on en ressort transformé.

   Josep, dit Pep, Guardiola est un pur produit Catalan, formé au club. Choisi par Cruiff pour son intelligence dans le jeu, il a tout gagné avec son club de coeur. « Mes que un club ». Le FC Barcelone est plus qu’un club, c’est, pour des millions de gens une identité, une Foi. Telle une spiritualité qui vous rendra meilleur. « L’éloge du style », c’est l’histoire d’un voleur qui a pillé les plus grands de l’histoire à fin de créer le football moderne. Un football où le jeu est plus important que la victoire.

 » Converser, c’est-à-dire mener un festin délicieux de paroles, d’idées et d’autres mets voluptueux. Converser, c’est-à-dire aussi écouter, deviner, peut-être convaincre et parfois séduire. »

   Avec beaucoup d’humilité et de simplicité l’auteur se sert de la poésie d’une nuée d’oiseaux ou de la philosophie d’Edgar Morin pour nous illustrer les idées du génie catalan. Je le repète, ce livre est une merveille, par la simplicité avec laquelle l’auteur nous immerge dans la pensée d’un genie du football. J’ai été bluffé du début à la fin.

 » Dans le football de Guardiola, il y a cet orgueil de ne jamais renoncer à son idée première et de toujours prendre le match à contre-sens en répondant par le jeu aux contraintes nouvelles qu’on aurait dressées devant lui. Tout le sens de son travail consiste donc, et quelles qu’en soient les circonstances, à ne jamais transiger. Jamais son équipe ne renoncerait au ballon. Cette conviction était la seule norme qu’il respecterait. Voilà comment Guardiola à changé son sport : en lui imposant de nouvelle règles. Le football est une affaire de conviction. On y défend une idée avant d’y défendre des couleurs. »

S.P

SoFoot n°125 – Retrouvailles entre Canaris – Victor Le Grand / Ronan Boscher

  Coco-Suaudeau Dans son numéro 125, SoFoot nous propose une interview sans concession.

   Ouédec – Loko – Pedros.

   Une des plus belles attaques du championnat de France de ligue 1 nous dévoile l’envers d’une saison historique pour le FC Nantes. 1994-1995 .32 matchs d’affilée sans défaite (record à battre), meilleure attaque, meilleure défense, meilleur buteur, meilleur passeur.
Et Coco Suaudeau sur le banc.

« Et toi, petit gros, tu as intérêt à te bouger le cul sinon tu passeras pas en professionnel et tu vas aller voir en D2 du coté d’Ancenis. »

   Ils avaient l’image de chambreurs et de provocateurs mais ils avaient pourtant un jeu simple. L’équipe évoluait ensemble depuis le centre de formation et Suaudeau menait ses troupes à la baguette avec des entraînements plus intenses que les matchs. Une saison parfaite qui restera aussi comme celle où à été inscrit le plus beau but de l’histoire du club (pour les nostalgiques : https://www.youtube.com/watch?v=RGLffPzKi6g). L’avantage de parler 20 ans après, c’est qu’on peut tout dire, même les parties de poker jusqu’à 2h du mat’ les veilles de match ou le fait que Makélélé se tape la fille du coach en cachette. Classe. Au final, les trois amis évoquent leurs souvenirs avec beaucoup de légèreté et d’humour.

« Une fois sur deux, à la beaujoire, on mettait trois buts. On appelait ça le « tarif maison ». »

   Raymond Depardon. Raul Meireles. Pelé à poil. SoFoot c’est la crème de la crème. Ce numéro est aussi l’occasion de découvrir Marco Verratti. Le petit prodige, inconnu il y a trois ans, aujourd’hui il est l’un des espoirs du football mondial. Belle interview, mais là, si vous voulez du croustillant, attendez 20 ans. CBVdbUfW4AA_wW3S.P

Jack Kerouac Halfback – Fausto Batella

jack-kerouac-halfback-9782364680432_0Ce court essai intelligemment écrit nous plonge dans le football américain des années 30 avec beaucoup de simplicité. Richement illustré, c’est avec nostalgie que nous voyons défiler les années « football » de Jack Kerouac. Petit à petit se dessine devant nos yeux l’emblème de toute une génération.

Conçu en deux parties, la première où est évoqué la jeunesse sportive de Jack Kerouac, la seconde où est résumé l’ensemble de l’histoire du football universitaire aux Etats-Unis.

  De nombreux extraits des livres de Kerouac, notamment « Vanité de Duluoz » qui parle, en partie, de sa période de jeune étudiant sportif. Enfin, deux carnets de photos vintage nous immergent un peu plus dans la nostalgie. Un petit essai pour peaufiner sa culture sportive, parce que parfois ce sont simplement les petites anecdotes qui font les grandes histoires.

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« Ce match demeure pour moi le plus beau que j’ai jamais joué, celui qui eut le plus de sens car (…) j’avais le rôle éprouvant et ingrat d’un cheval de trait et je le jouai comme seul un professionnel pouvait l’apprécier, une tâche secrète et solitaire mais essentielle, donnant des coups de collier dans l’obscurité, les lèvres couvertes de sang et de boue. » Jack Kerouac – Vanité de Duluoz

S.P

Mon histoire – Neymar

A_NEYMAR_BIO_PRINT_COUVERTURE_FACE_LIGHT43 buts en 61 sélections auriverde, 3 championnats pauliste, 1 copa libertadores, 1 prix Puskas, 1 supercoupe d’Espagne… Son palmarès à 23 ans peut en faire pâlir plus d’un.

Fils et petit-fils de footballeur, Neymar Junior, a baigné dans le football depuis sa naissance. C’est grâce à son père, qui a repéré son talent, que Neymar est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Formé dans son club de cœur, Santos. Il fera ses premières apparitions en professionnel à 17 ans à la Vila Belmiro, le stade mythique du club. Neymar a réussi à ramener Santos sous les feux de la rampe internationale, ce qu’aucun joueur n’avait réussi depuis l’ère Pelé. Des choix de carrières intelligents portés par l’amour du ballon rond plus que par l’argent, ont permit de perfectionner son talent afin d’arriver petit à petit à son niveau actuel. Son transfert au Le FC Barcelone va lui permettre d’évoluer au plus haut niveau et d’approcher de plus près le Ballon d’or.

Nous avons assez peu d’informations sur la vie personnelle du prodige. Le jeune joueur brésilien, père de famille à 19 ans, est fier de son pays et de ses racines. Ce livre cultive l’image du bon garçon, pas ou peu de débordements extrasportifs, le clan Neymar est un business très bien huilé où rien n’est laissé au hasard. Touchant, cette autobiographie alterne l’histoire de « Juninho » racontée par lui-même et son père.  Il manque cependant un peu de piquant et de « réalisme » pour que cela devienne un livre indispensable. C’est une biographie intéressante, mais pas objective. Un livre à conseiller pour les fans du nouveau Pelé.

« Toute arme forgée contre toi sera sans effet;
Et toute langue qui s’élèvera en justice contre toi,
Tu la condamneras.
Tel est l’héritage des serviteurs de l’Eternel,
Tel est le salut qui leur viendra de moi,
Dit l’Eternel. »
Esaïe 54:17

S.P

Yékini, le roi des arènes – Lisa Lugrin – Clement Xavier

yekini-d1ecouv-718x1024   Au Sénégal, la lutte est encore plus populaire que le football. « Yékini, le roi des arènes » braque les projecteurs sur ce sport méconnu. Inspirée de personnages et de faits réels cette bande dessinée à reçu le prix de la révélation au dernier festival d’Angoulême.

  Les trois personnages principaux ont un but commun, devenir le roi des arènes. Un combat suffira pour sceller le destin de ces lutteurs. Chaque athlète se bat pour des motivations différentes, notoriété, revanche familiale, honneur du village. Tous se créer des personnages, par exemple Tyson, lutteur made in USA, qui avant un combat, transforme le « Tuss » (genre de Haka traditionnel sénégalais) en clip de Thriller de Michael Jackson.00-ll_cx-yekini-extrait_02

  Un dessin brut en noir et blanc ainsi que quelques photos donnent un aspect brutal et authentique à cette bande dessinée.

  Les deux auteurs nous plongent dans une Afrique que nous connaissons assez peu. Une Afrique où le mystique fait partie de la culture. A tel point que chaque lutteur a son propre marabout qui fait boire des potions magiques à son poulain et qui lance des sorts à son adversaire. Une page de l’Histoire contemporaine du Sénégal se tourne autour de ces athlètes, plus ou moins manipulés politiquement afin de gagner l’opinion publique.9782357610552_pg

  Mais en fin de compte, on devine que derrière un bel hommage adressé à la lutte sénégalaise, c’est un superbe pamphlet contre l’influence des médias et la politisation du sport. Lisa Lugrin et Clement Xavier alternent entre des planches de combat magnifiques et les diatribes des publicitaires et agents qui cherchent le profit sans aucun intérêt pour le sport en lui-même. Chef-d’oeuvre de réalisme et d’intelligence, c’est une bande dessinée à côté de laquelle on ne peut passer.

S.P